Organisation d’un exercice d’évacuation
Article mis en ligne le 9 novembre 2004
dernière modification le 17 février 2014

Le règlement du 25 juin 1980 relatif à la prévention du risque d’incendie dans les Établissements Recevant du Public, impose que des exercices d’évacuation doivent être réalisés au cours de l’année.
Le code du travail impose également dans son article R 232-12-21, l’organisation semestrielle d’exercices d’évacuation dans les locaux ne recevant pas de public.
Pour les Établissement d’enseignement, le premier exercice doit obligatoirement avoir lieu au cours du mois qui suit la date de rentrée des élèves et étudiants.
La réalisation d’exercices d’évacuation nécessite de mettre en place une organisation spécifique . Les conseils qui suivent sont destinés à aider les organisateurs dans cette tâche.

Avant tout, il est nécessaire de persuader l’ensemble des personnels de l’intérêt des exercices afin qu’ils ne le vivent pas comme une contrainte dont ils ne comprennent pas la nécessité, mais comme une activité normale dans le cadre de leur travail, activité à laquelle il faut les impliquer le plus possible. L’intérêt des exercices est de préparer les personnels et notamment les personnes ayant un rôle spécifique dans l’organisation de l’évacuation, à toute éventualité nécessitant l’évacuation rapide et efficace des locaux (incendie, mais aussi alerte à la bombe, attentat, accident chimique, radioactif, biologique grave...). Leur organisation ne doit pas être prise à la légère car en cas d’accident consécutif à une mauvaise évacuation des locaux, de nombreuses responsabilités seront engagées.

I. Quel type d’exercice peut-on organiser ?

Le choix du type d’exercice peut varier en fonction du degré d’entraînement des personnels. Mais quel que soit ce choix, il est nécessaire de diffuser aux personnels de manière régulière les consignes à suivre pour l’évacuation des locaux. Lorsque les personnels savent exactement ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire lorsque l’alarme sonne, le risque de panique ou à contrario d’absence de réaction est fortement diminué.

Exercice type N°1 : La date et l’heure de l’exercice sont connus de tous les personnels. Les personnels sont préparés à l’exercice.
Avantages : Pas de risque de panique ;
Pour les bâtiments scientifiques, le personnel peut prendre certaines dispositions vis à vis des manipulations (notamment si elles ont un caractère dangereux) ;
Ce principe peut être apprécié par les occupants pour un 1er exercice.
Inconvénients : Certaines personnes qui ne sont pas assez sensibilisées à la sécurité peuvent s’arranger pour ne pas être présentes le jour de l’exercice.
Les gens sont au courant du jour et de l’heure exacte, ils vont se préparer à évacuer avant que l’alarme ne sonne.
Tout aura été préparé pour que l’exercice se passe au mieux, ce qui n’est pas représentatif de la réalité (certaines portes habituellement verrouillées auront été ouvertes au préalable, des cales bloquant les portes coupe feu auront été enlevées, etc ...).

Exercice type N°2 : L’information stipulant qu’un exercice va être organisé est diffusée à l’ensemble des personnels avec une indication de période de réalisation sans précision de date et d’heure (exemple : au cours du mois, au cours de la semaine...).
Avantages : Permet aux gens de se préparer sans savoir exactement à quel moment l’exercice aura lieu. Ce type d’exercice peut être retenu lorsque la population du(des) bâtiment(s) concerné(s) a déjà participé à un premier exercice. Il permet aussi de diminuer le risque de panique en cas d’évacuation réelle suite à un début d’incendie par exemple, entre le moment ou l’exercice est signalé et celui où il a réellement lieu car les personnels pensent qu’au moment du déclenchement de l’alarme il s’agit de l’exercice.
Inconvénients : Ce type d’exercice n’est pas totalement représentatif de la réalité. Il nécessite dans sa préparation d’être très vigilant dans le choix de la date, en fonction d’impératifs divers (examens, réunions importantes...).

Exercice type N°3 : L’exercice est organisé sans que personne ou presque n’ait été mis au courant au préalable et sans qu’aucune consigne n’ait été distribuée aux personnels.
Avantages : C’est le schéma le plus représentatif de la réalité. Il peut donc générer les inconvénients d’un véritable sinistre (panique, mouvement de foule non maîtrisé ...). Le personnel peut également croire à une fausse alerte liée à un dysfonctionnement du système, notamment s’il y a régulièrement des déclenchements intempestifs, et ne pas réagir.
NB : Ce type d’exercice n’est à conseiller que lorsque l’organisation du service, du laboratoire ou bâtiment est satisfaisante (équipiers incendie désignés et formés, consignes distribuées et connues de tous, etc ..) et que les personnels ont déjà l’expérience d’autres exercices.

Pour les exercices de types 2 ou 3, l’information sur la date et l’heure exacte de l’exercice peut être plus ou moins diffusée selon le cas. Les chargés d’évacuation peuvent être mis au courant, si l’on veut plutôt tester la réaction du personnel et du public. Il est possible de ne pas les mettre au courant si l’on veut les tester eux même.

Afin d’apporter plus de réalisme aux exercices, il est possible de demander l’intervention des sapeurs pompiers. Cela demande cependant une préparation rigoureuse. Il est nécessaire d’élaborer un scénario d’incendie ou d’accident nécessitant l’évacuation des locaux (exemple explosion dans un laboratoire...) et d’avoir des personnes acceptant de jouer le rôle de blessés. Il est possible aussi de créer d’augmenter le réalisme des exercice par l’utilisation de fumigènes...Ce type d’exercice n’est cependant pas facile à mettre en œuvre du fait du manque de disponibilité des pompiers.

II. Organisation d’un exercice :

Si le site sur lequel l’exercice doit être réalisé comporte plusieurs bâtiments ou groupe de bâtiments, il est préférable d’organiser un exercice par bâtiment ou groupe de bâtiment.

1) Nommer si ce n’est pas déjà fait, des chargés d’évacuation pour chaque bâtiment. Le nombre de chargés d’évacuation peut varier d’un bâtiment à l’autre en fonction de la surface du bâtiment et du nombre de personnes qui y travaille. Dans le choix du nombre, tenir compte du fait que le chargé d’évacuation peut être absent le jour de l’exercice ou d’une évacuation réelle. Il doit y avoir au minimum deux chargés d’évacuation par bâtiment. Ces personnes doivent bénéficier d’une formation spécifique pour expliquer leur rôle.
Il est également nécessaire de nommer parmi ces chargés d’évacuation, un responsable avec son suppléant connu de tous les chargés d’évacuation du bâtiment afin de centraliser les informations fournies par ces derniers et de pouvoir les transmettre aux éventuels services de secours. Sinon, les services de secours auront de multiples interlocuteurs ou bien ne sauront pas si une zone a bien été évacuée.
Il faut absolument différencier les chargés d’évacuation des éventuels équipiers incendie existants, leurs missions étant différentes et parfois concomitantes.

2) Définir pour chaque bâtiment, un ou plusieurs point(s) de rassemblement où les personnels et le public doivent se retrouver (ce qui permet notamment de contrôler si tout le monde a évacué le bâtiment et pour les enseignants de faire éventuellement l’appel de leurs étudiants). Ces points de rassemblement pourront être matérialisés par des panneaux et leur indication devra apparaître dans les plans d’évacuation affichés à proximité de chaque issue. Ils devront être situés à au moins 8 m du bâtiment de sorte que les personnes soient en sécurité si le bâtiment devait brûler ou s’effondrer en situation réelle.
3) Fixer en accord avec les chargés d’évacuation et le responsable du service, laboratoire ou bâtiment une date pour l’exercice. Se renseigner auprès des services concernés (scolarité, secrétariat, ...) afin d’éviter que l’exercice soit réalisé lorsque des examens ou des réunions importantes, voire des manipulations expérimentales ont lieu dans le bâtiment concerné. Cela dit une certaine fermeté dans le choix de la date est nécessaire car il y aura toujours des personnels qui trouveront une excuse valable pour ne pas retenir une date donnée, et de reports en reports les exercices ne sont finalement pas réalisés

4) Informer l’ensemble des personnels, de préférence par courrier, de l’organisation prochaine d’un exercice d’évacuation. Le contenu du courrier variera selon le type d’exercice choisi :
 cas 1 : envoi d’une lettre les avertissant de la date et de l’heure de l’exercice.
 cas 2 : envoi d’une lettre les avertissant de l’organisation d’un exercice au cours d’une période donnée qui sera plus ou moins étendue (au cours de la semaine, du mois...) sans précision de jour ni d’horaires.
 cas 3 : envoi d’une lettre en période de rentrée universitaire, précisant qu’un exercice sera réalisé au cours de chaque trimestre de l’année universitaire, sans aucune précision supplémentaire de date.
Dans tous les cas, il est indispensable d’associer à ce courrier d’information, un rappel des consignes de sécurité et un rappel de ce qu’il faut faire et ne pas faire lorsque l’alarme incendie se déclenche (voir modèle de consignes d’évacuation ci-après). Une fiche de retour d’expérience peut être associée au courrier afin que les participants à l’exercice puissent faire remonter leurs éventuelles remarques auprès de l’organisateur de l’exercice. Cette fiche de retour d’expérience permet au personnes de s’impliquer un peu plus dans le déroulement des exercices plutôt que de simplement les subir.

5) S’assurer que le système d’alarme incendie est en état de fonctionnement.
6) Au jour et à l’heure prévue, provoquer le déclenchement de l’alarme. Pour cela, plusieurs possibilités :
 Cas 1 : On déclenche l’évacuation générale directement depuis la centrale d’alarme incendie, afin d’observer uniquement le déroulement de l’évacuation.
 Cas 2 : Afin de voir comment réagissent les personnes chargées de la gestion de la centrale d’alarme, il est possible de déclencher l’alarme depuis un boîtier de déclenchement manuel (ce qui est intéressant surtout lorsque la centrale d’incendie dispose d’une temporisation). On pourra observer si la personne concernée est capable de localiser l’endroit du déclenchement et de réagir durant la durée de temporisation (5 minutes maximum).
 Cas 3 : Afin de donner plus de réalisme à la situation, un générateur de fumée peut être utilisé afin de provoquer le déclenchement d’un détecteur de fumée ou d’observer le comportement des personnels face à une situation nécessitant de déclencher l’alarme pour réaliser l’évacuation des locaux. Le générateur de fumée peut aussi être utilisé pour enfumer un escalier habituellement utilisé pour l’évacuation, afin de vérifier si le personnel est capable d’emprunter les issues de secours. Attention, ce genre de situation ne doit être mis en œuvre que pour des personnels habitués aux exercices d’évacuation afin d’éviter tout risque de panique.

7) Lorsque l’évacuation est terminée, les chargés d’évacuation vérifient que tout le monde a correctement évacué les locaux, et rejoint le point de rassemblement. Signaler la fin de l’exercice. ATTENTION, l’arrêt du signal sonore d’alarme ne signifie pas que l’exercice est terminé.

8) Réunir les chargés d’évacuation et faire un bilan de l’exercice et de son déroulement.

9) Noter dans le registre de sécurité la date de l’exercice et le nombre de personnes évacuées.

10) L’organisateur réalisera un rapport succinct d’exercice sur la base de ses propres observations, des observations des chargés d’évacuation ainsi que de celles des participants par l’intermédiaire des fiches de retour d’expérience ou des volontaires qu’il aura prit le soin de répartir judicieusement dans les locaux. Ce rapport devrait permettre d’éviter le renouvellement des erreurs ou anomalies éventuellement constatées lors du déroulement de l’exercice (sorties de secours verrouillées - personnes refusant de participer à l’exercice...). Ce rapport devra être largement diffusé aux participants ou mis à leur disposition. Un exemplaire sera également adressé au service hygiène et sécurité. A charge pour le responsable de la composante dans laquelle l’exercice a été réalisé, de rappeler éventuellement à l’ordre les personnes ayant refusé de participer aux exercices ou ayant commis de graves erreurs lors de son déroulement.

ATTENTION
Les systèmes d’alarme sont régulièrement contrôlés. Des essais de sirènes sont réalisés lors de ces contrôles. Il est indispensable de prévenir le personnel du bâtiment concerné un ou deux jours avant l’essai en leur signalant qu’il ne s’agit pas d’un exercice, afin d’éviter les conséquences de fausses alertes répétitives.

III. Dispositions d’ordre préventif liées à l’évacuation des locaux

(ces mesures sont permanentes et pas seulement liées à la réalisation d’un exercice. Elles doivent apparaître dans les consignes de sécurité).
 S’assurer que toutes les sorties de secours sont déverrouillées et non encombrées.
 Veiller à ce que les passages (couloirs - escaliers) restent libres de tout obstacle.
 Veiller au bon état de l’éclairage de sécurité.
 Veiller au bon état du système d’alarme incendie et des équipements qui s’y rapportent (boîtiers d’alarme, portes coupe feu asservies...)
 Signaler au responsable de la composante ou à défaut au service hygiène et sécurité, tout défaut ou toute anomalie constatée sur ces équipements de sécurité

IV. Exemple de consignes de sécurité- évacuation

Des consignes inspirées de l’exemple ci-dessous doivent être régulièrement remise aux personnels appelés à participer aux exercices d’évacuation. (l’expérience montre que lorsque les gens savent ce qu’ils doivent faire, ils participent plus facilement aux exercices)

Lorsque l’alarme sonne et dans la mesure ou ce ne sont pas des essais de sirène (pour lesquels vous auriez été prévenus), cessez toute activité, coupez les appareils électriques, fermez les fenêtres, quittez les locaux en fermant les portes (sans les verrouiller)
Evacuez rapidement mais sans paniquer. Ne pas utiliser les ascenseurs.
Si les locaux sont envahis par la fumée, baissez vous, l’air frais est près du sol. Mettez sur la bouche et le nez un mouchoir ou un tissu humide pour mieux respirer.
Ne revenez pas sur vos pas, rejoignez le point de rassemblement et vérifiez si possible, que personne ne manque à l’appel.
Ne retournez sur votre lieu de travail que lorsque les chargés d’évacuation vous l’autoriseront. L’arrêt de la sirène d’alarme ne signifie pas la fin de l’exercice.
Signalez aux chargés d’évacuation toute anomalie que vous aurez constaté dans le déroulement de l’évacuation.


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